biographie de ma Grand-mèere écrite par moi
Elle est née au Locle le 29 janvier 1925, fille d'Hélène Leppert (Rosset) (1900 - 1969) et de Charles Leppert (1897 - 1956). Elle avait un frère, Charles-Henri Leppert (1923 - 1950). Pendant sa jeunesse, elle avait un esprit audacieux et indépendant. Elle a fait sa scolarité primaire à l'école Daniel Jean-Richard et sa scolarité secondaire à Beaux Site au Locle. Elle aspirait à servir dans l'armée lors de la première conscription pour les femmes.


Sa famille a une riche histoire, puisque ses grands-parents, Karl Wilhelm Leppert (1857 - 1901) et Mina Leppert (Kraemer), ont créé la brasserie Leppert au Locle entre 1880 et 1885. Cette brasserie, qui a été vendue en 1982, était l'une des nombreuses brasseries du canton de Neuchâtel, produisant une bière de très bonne qualité. En 1922, Charles Leppert Jr a continué l'exploitation de la brasserie, concluant en 1925 un accord de distribution pour Le Locle, Les Brenets et les environs avec la Brasserie de La Comète, de La Chaux-de-Fonds.
La brasserie a connu des défis, notamment des boycotts des ouvriers en juillet 1910, qui ont été rapidement résolus, et des inondations en juillet 1947. En 1955, elle a changé de nom suite à l'association du titulaire, et l'actif et le passif ont été repris par la société en nom collectif « Charles Leppert et Co, Brasserie Leppert ». De plus, son père possédait l'une des premières montres Zenith, qu'il utilisait dans la chambre froide et qui a fini au musée de la Zenith. Ils l'ont rachetée vers les années 2010 pour la somme de 3000 CHF. Elle a également demandé que le pasteur ne vienne pas pour les funérailles de sa mère en 1969, une décision rare à l'époque au Locle. Il n'y a donc pas eu de funérailles pastorales, juste une visite au cimetière suivie d'un arrêt au bistro. Ses parents et son frère sont enterrés au cimetière du Locle. Elle allait les voir plusieurs fois par an et entretenir leur tombe, et parfois je suis allée avec elle.

Elle a également été l'une des premières à s'inscrire à Exit Suisse Romande, une organisation d'aide au suicide, à laquelle elle avait adhéré il y a au moins 25 ans. Le croque-mort du Locle, fort de plus de 25 ans d'expérience, a déclaré n'avoir eu affaire qu'à trois personnes ayant utilisé Exit, dont une qui s'était rétractée au dernier moment. Ma grand-mère était donc une femme très courageuse.


Elle était stricte mais juste. Elle a hérité de la brasserie un peu précipitamment parce que son frère Charles-Henri Leppert, qui était censé reprendre l'entreprise, est décédé à 27 ans en 1952. Il est décédé le jour de son anniversaire, alors qu'il était en service militaire, à cause d'une crise cardiaque. à cette époque, une telle affection était impitoyable. Comme il était sous les drapeaux, il a eu droit à des funérailles militaires, il avait le grade de Sergent-Major. Cet événement inattendu l'a forcée à prendre les rênes et à gérer la brasserie.
Heureusement, elle a pu compter sur l'aide de mon grand-père, Hermann Widmer, un bon comptable, qu'elle avait rencontré grâce à un dépliant promotionnel qu'il avait envoyé de son agence de voyage créée avec son très bon ami Felix Stotz. Cette agence, HISTOBA, faisait également office d'agence matrimoniale. Lors de leurs voyages, ils agissaient comme des guides omniscients et ont certainement impressionné leurs trois charmantes "clientes".


Les liens d'affection et d'amitié qui unissaient mes grands-parents étaient si profonds qu'ils ont naturellement évolué vers des mariages heureux. Ils se sont unis en 1950, et peu après, le 19 février 1953, mon grand-père a rejoint l'entreprise familiale d'Hélène, la Brasserie Leppert, juste un jour avant la naissance de leur deuxième fils, mon père, Charles-Henri. Ensemble, ils ont dirigé cette brasserie pendant de nombreuses années, tout en élevant leurs trois enfants : mon père, au milieu, et ses deux frères, Hermann Jr., né le 28 juin 1951, et Nicolas, le 27 juin 1956.
En tant que famille, ils ont partagé de nombreuses activités, allant patiner sur le lac gelé des Brenets, skier dans les montagnes neuchâteloises et alpines, ou rendre visite à l'oncle James à Genève, l'un des premiers à posséder une imposante Cadillac importée des États-Unis. Ils ont également exploré des villes comme Bâle, Zurich et Lucerne, tout en voyageant fréquemment en France et en Italie, notamment à Naples, Ischia et Florence. L'oncle Gino, parrain de mon père, venait d'Ischia, une petite île voisine de Naples, et leurs rencontres étaient donc fréquentes. Mon père porte d'ailleurs le deuxième prénom de Luigi en hommage à cet oncle cher à son cœur. Malgré le rythme soutenu de la brasserie, qui fonctionnait sans relâche pour approvisionner la région en bière, mes grands-parents ont toujours su trouver des moments pour se ressourcer, changer d'air et savourer la vie.


L'uniforme des douaniers correspond à la période 14-18. Le char de la Brasserie Leppert (entreprise du Locle fondée en 1870) est en attente...Sa présence s'explique probablement par la présence en face de la douane d'une glacière naturelle comme il y en avait de nombreuses dans le Jura ! source: Notrehistoire.ch
C'est à partir de 1993 que ma soeur et moi avons vécu durant 2 ans chez mes grands-parents. Pendant la semaine de la période d'école, nous étions à un internat et revenions chaque weekend. Nos grands-parents effectuaient les trajets aller-retour, d'une durée d'1h à chaque fois, pour nous y déposer le dimanche et venir nous chercher le vendredi. Cela a créé des liens très forts entre nous et nos grands-parents. J'ai donc effectué le CM1 et CM2 aux Fontenelles, village du Haut Doubs Horloger, dans la communauté des communes du Russey, à l'Immaculée Conception en France, un couvent avec des bonnes soeurs.
Quant à mes parents, ils sont restés à Djibouti où ma soeur et moi retournions pour les vacances de Noël, Pâques et d’été. En juillet 1995, mon père a été transféré au Gabon, nous avons donc pu le rejoindre, mettant fin à un beau chapitre d'éducation et de moments intenses partagés avec mes grands-parents.

Ma grand-mère accordait une grande importance à la frugalité et à l'écologie. Elle insistait toujours pour que nous finissions notre assiette, nous rappelant que même les gens en Afrique n'ont pas la chance d'avoir une assiette aussi pleine. Elle me conseillait de fermer le robinet quand je me brossais les dents, d'utiliser un maximum de 2 carrés de papier toilette à chaque fois et de ne pas laisser la porte du frigo ouverte trop longtemps. Nous avons toujours recyclé tout ce qui pouvait l'être. Toutes ces petites choses ont eu un effet gigantesque sur moi aujourd'hui. Par exemple, j'essaie à chaque fois d'ouvrir le frigo pendant 5 secondes pour regarder, je le referme pour réfléchir à ce que je veux prendre et puis, quand je suis sûr de ce que je veux, je l'ouvre rapidement pour prendre les aliments dont j'ai besoin.
Elle était toujours très simple mais élégante et avec beaucoup d'humilité. Elle souhaitait que les gens ne deviennent pas des esclaves des grandes entreprises. Elle n'appréciait pas le parti libéral, qui défendait surtout les intérêts des grandes entreprises, alors qu'elle soutenait les petits entrepreneurs. Elle n'aimait plus Coop et se rendait toujours à Migros, particulièrement à cause de leur dernier slogan, "pour moi et pour toi", le fait qu'ils mettent le "pour moi" en premier.


En 2001, le projet de mon père à Fribourg a fait faillite. Les premiers à venir nous aider ont été mes grands-parents, encore eux. Nous avons alors décidé de déménager au Locle, ville où mon père a passé son enfance et où mes grands-parents habitaient encore. Je ne compte plus les nombreuses fois où ma grand-mère nous a aidés psychologiquement et physiquement. Toutes ces expériences et cette stimulation m'ont grandement aidé dans mon développement personnel.
Et quand je vois ma soeur qui n'ose même pas laisser sa fille ne serait-ce qu'une nuit chez mes parents par peur et ignorance, qui ne contacte jamais notre mère ni ne répond à ses messages, alors que c'est bien sa mère qui l'a mise au monde et qui a pris soin d'elle durant son enfance pour qu'elle atteigne l'âge adulte sans encombre, je la trouve vraiment méchante. À mon avis, elle est endoctrinée par son conjoint, qui s'est permis, lors du dernier repas de Noël en famille, d'insulter ma mère en lui disant "Fuck you" et de la traiter ignoblement parce que, selon lui, elle ne sait pas parler français, ce qui est faux. Ensuite, il a eu le culot de me dire qu'il est plus noir que moi, lui, enfant blanc unique espagnol suisse, emprisonné à l'âge de plus de 40 ans pendant un certains temps pour avoir eu des relations avec des dealers de drogue à hauteur de plus de 50 000 CHF, gâté et n'ayant vécu que dans son paradis doré au centre de l'Europe. Bref, ils ont été forcés de prendre la poudre d'escampette avant la fin du repas. J'espère ne plus les revoir à un repas de famille avec un comportement pareil. Ça me fait rire et ça me fait de la peine, après tout ce que nos parents et grands-parents ont fait pour nous.
Et surtout, dès qu'il y a un problème important, comme lorsque son copain se retrouve en prison pour une durée indéterminée et qu'elle ne sait plus où se tourner, alors là, elle appelle directement notre très cher père pour demander un soutien financier. Sinon, tout le reste du temps, elle ne vient jamais rendre visite ou même appeler nos parents pour savoir comment ils vont. Ce sont des comportements que je trouve déshonorables.

Dans sa dernière année de vie, ayant perdu la vue, elle a décidé d'opter pour le suicide assisté avec Exit. Elle avait choisi une date mais a décidé de la reporter en raison de quelques désaccords avec ma soeur, notamment sur l'opportunité de voir son arrière-petite-fille pour la première et la dernière fois. Cela aurait été une rencontre de quatre générations, mais ma soeur a refusé, inventant une excuse que le trajet de moins d'une heure serait trop long pour la petite Jade Kelly. Cependant, comme ma grand-mère le disait souvent, quand on veut, on peut. Enfants, ma soeur et moi, dès le plus jeune âge, avons parcouru de longues distances en avion, en bateau et en voiture plusieurs fois par an parce qu'il n'y avait pas le choix. Et oui, c'était possible et ça le sera toujours.
Ma soeur n'est pas venue à l'enterrement de notre tante, et elle n'est jamais venue rendre visite à mon père lorsqu'il était en séjour prolongé pour une greffe du foie qui a eu lieu in extremis. Merci au donneur anonyme de Zurich et à toute l'équipe médicale, y compris les transporteurs qui ont amené ce foie en urgence à Genève. Notre père était au bord de la mort, son poids était au plus bas toléré par le corps humain. Il est resté plus de six mois hospitalisé. Et ma soeur trouve des excuses bidon pour ne pas venir le voir alors qu'il est à moins d'une heure de route ! J'aurais été au fin fond de l'Australie, à des milliers de kilomètres avec femme et enfants, j'aurais fait tout mon possible pour venir le voir.


Le plus important pour ma grand-mère était de ne pas révéler à son mari, mon grand-père, sa décision, par respect pour son dernier souhait. Elle connaissait la date exacte de sa mort 6 mois à l'avance. Elle a mis en scène un moment où elle a dit à mon grand-père qu'elle avait un léger mal de tête un dimanche, et le lundi matin elle a avalé la pilule donnée par les médecins d'Exit qui sont venus chez elle. C'était la fin d'un chapitre, le 8 juillet 2019. Elle est partie parmi les anges.
Elle ne voulait pas être enterrée dans un cimetière et préférait être incinérée, avec ses cendres dispersées dans la nature, vers un endroit communal qu'elle appréciait beaucoup. Nous avons respecté son choix.
Son mari, mon grand-père, n'a pas compris comment elle était décédée ; ce n'était pas logique, car elle allait bien à la fin. Quelques semaines plus tard, le 29 août 2019, il est également décédé. Il voulait que ses cendres soient mises près d'elle, donc nous avons fait de même pour mon grand-père.
Ma grand-mère, Hélène Leppert, Hélène Widmer, nous a tant appris. Merci pour tout. Que les forces surnaturelles veillent sur vous, veillent sur vous deux. Nous nous retrouverons un jour là-haut.

Ici les 3 fils de Hélène Widmer au Liberia avec leur femmes respective, de gauche a droite: Nicolas Widmer (1956) et Claire Jambé, Hermann Félix Widmer (1951) et Hermman Widmer (1926), Georgia Widmer (Popei) et Charles-Henri Luigi Widmer (1953), Hélène Widmer (Leppert) et Anita Widmer (Bischof).


Liens
Voici quelques articles paru dans les journaux:
Les Obsèques militaires du Sergent-Major Charles-Henri Leppert - La Suisse Libérale 12 septempbre 1952 | ou version
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Le Locle: décès d’Hermann Widmer, un humaniste dévoué à sa ville d’adoption - Arcinfo, 18 octobre 2019 | ou version
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Vol par effraction à la Brasserie Leppert - L'impartial, 1 octobre 1979 | ou version
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